Appel à communication

⚠️ Report du colloque ENFANCE + CULTURE = SOCIALISATION entre le 11 et le 14 janvier 2021. Le colloque s'effectuera à distance.  

Ce colloque entend être un lieu de discussion et de mise en perspective de travaux récents portant sur la socialisation culturelle des enfants. L’enfance est entendue ici au sens de la Convention internationale des droits de l’enfant comme la période de la vie allant de 0 à 18 ans. Les perspectives transdisciplinaires et/ou comparatives sont les bienvenues, de même que les diverses approches des sciences humaines et sociales que celles-ci soient instantanée, longitudinale ou rétrospective. La socialisation est considérée ici au sens large et renvoie aussi bien aux actions conscientes visant à familiariser à des pratiques, à faire acquérir des habitudes, des goûts ou des connaissances en matière culturelle, qu’à des processus d’imprégnation et d’appropriation plus diffus, ou bien encore à l’action des enfants eux-mêmes dans ces processus.

 

Cette question de la socialisation culturelle sera déclinée selon 4 entrées principales :

1. L’âge comme construction et opérateur social

La progressive reconnaissance de l’enfance comme période de la vie, justiciable d’analyses spécifiques, s’est accompagnée d’un questionnement concernant d’une part la construction sociale des âges de la vie (leur lien, leurs transitions, leurs modèles implicites et explicites, leur opérationnalité, leurs diverses représentations selon les classes sociales, leur transférabilité transnationale, etc.) et d’autre part, la construction progressive de l’autonomie (ce qu’il est possible de faire, seul ou accompagné, à chacun de ces âges). À quels contenus ou quelles pratiques culturelles les enfants sont-ils socialisés à chaque âge, selon leur sexe et selon les contextes sociaux et nationaux et avec quels types d’encadrement ? Ces pratiques et contenus sont-ils spécifiquement destinés à des publics jeunes ou sont-ils trans-âges ? Quels effets ont en retour les pratiques enfantines sur les adultes ? Sont-ils plus proches des pôles de production légitimes (liés aux institutions culturelles publiques ou subventionnées), ou commerciaux (liés aux industries culturelles) ?

Inversement, en quoi ces pratiques, usages et fréquentations culturelles participent-ils à la construction sociale de l’enfance voire à découper des âges de l’enfance ? En quoi les discours angéliques ou technicistes sur les « natifs du numérique » ont-ils forgé des représentations tant des âges que des pratiques culturelles ? Et à quelles logiques sociales, professionnelles ou économiques obéissent les découpages d’âge opérés dans les divers domaines des loisirs culturels, des plus marchands aux plus subventionnés ?

Des interrogations de cette nature enjoignent à articuler analyse de l’offre, de la médiation et de la réception. Quelles sont les dispositions culturelles sollicitées ou inculquées à chaque âge, les normes et valeurs, voire les règles morales qui lui sont adressées ? Et quelles sont les pratiques dont on essaie de préserver les enfants, du fait de craintes voire de paniques morales ?

Sur un plan méthodologique, on peut également se pencher sur les effets des catégorisations par âge des travaux de recherches : est-ce une aide à penser la socialisation culturelle ou une rigidité ?

 

2. Reconfiguration des socialisations culturelles

Cette première série de questions est intimement liée à une deuxième qui porte sur la reconfiguration des socialisations dans un contexte dans lequel les pratiques culturelles des enfants peuvent être à la fois perçues comme vecteurs d’autonomisation et constitutives du développement personnel. Les redéfinitions sociales de l’enfance se sont en effet accompagnées d’une redéfinition des formes prises par la socialisation culturelle, du rôle et de l’articulation de ses agents. En quoi les évolutions plus générales de la socialisation (verticale et horizontale, liens forts/faibles familiaux et amicaux, renouvellement de la socialisation par le numérique, existence de rétro-socialisations des parents par les enfants…) éclairent-elles celles de la socialisation culturelle ?

La diversité de changements intervenus dans les instances de socialisation invite à repenser les jeux croisés entre ces dernières, leur combinaison/substitution/opposition : reconfiguration des familles, montée en puissance des temps médias/écrans ainsi que de la place prise par les produits des industries culturelles dans les répertoires culturels, mais aussi injonctions croissantes à l’éducation artistique et culturelle et démultiplication des attentes à l’égard des institutions éducatives auxquelles elles sont associées, etc. On souhaite surtout inviter les communicants à tenter d’articuler ces phénomènes : l’inflation des socialisations entre pairs, portant notamment sur les contenus des industries culturelles numériques et dans les logiques de réseaux, est-elle contradictoire avec des transmissions verticales portant sur les contenus plus légitimes dont sont garantes les institutions d’éducation au sens large ?

Nous nous pencherons notamment sur les professionnels de la médiation culturelle auprès des publics enfantins dans les secteurs non marchands, dont on interrogera les représentations de l’enfance, les manières de procéder et les objectifs, en les mettant en perspective avec ceux d’acteurs davantage concernés par les enjeux marchands (par exemple, les professionnels de la vente ou encore du marketing). Leur propre socialisation culturelle, leurs expériences quotidiennes de l’enfance (notamment dans le cadre familial) et le lien de ces dernières avec leurs représentations du métier seront pour ce faire une piste de réflexion à explorer. Dans tous les cas, l’analyse de situations de socialisation culturelle pourra constituer une occasion de réfléchir à la manière de les penser, que ce soit en termes de modalités de l’agency enfantine, de contraintes sociales, de constitution de dispositions, etc., et d'articuler ces perspectives analytiques.

 

3. Dispositions socio-cognitives et émotionnelles sollicitées par les objets culturels matériels et immatériels des enfants

Dans le cadre d’une réflexion sur la construction précoce des goûts et dispositions à l’égard de la culture, il s'agira d'interroger les dispositions sollicitées par les objets culturels consommés par les enfants (qui ne se limitent pas aux objets et contenus qui leur sont spécifiquement destinés) et la manière dont ces objets contribuent à la socialisation culturelle. Ces dispositions relèvent tout autant du registre cognitif, ayant trait à des modes de raisonnement, que de dimensions émotionnelles, par exemple à travers la sollicitation d’enjeux personnels et affectifs, les perspectives analysant les articulations de ces deux dimensions étant les bienvenues.

Une analyse des caractéristiques et des contenus des biens culturels eux-mêmes pourra ainsi être développée, et être mise en perspective avec les processus de création dont ils résultent et avec les rapports à la culture et représentations de l’enfance des acteurs ayant contribué à ces processus. En outre la question des dispositions développées par les enfants pourra être explorée en lien avec les différentes sphères de socialisation fréquentées : les enfants se saisissent-ils ou pas des schèmes de réception auxquels invitent les biens culturels ? Ou développent-ils des formes d’appropriations hétérodoxes (dont il s’agira alors de décrire les logiques et les effets en termes de socialisation) ?

Dans ce cadre, on pourra interroger l’hypothèse de l’homologie structurale, formulée pour les adultes, dans le cas de la culture enfantine, et ses modes de mise en œuvre. Peut-on la décliner dans le champ de la production culturelle ? Peut-on mettre en relation la socialisation culturelle des producteurs et intermédiaires culturels avec celles des enfants recevant ces biens culturels ? Ces dispositions (des médiateurs et/ou des enfants) sont-elles conniventes avec les dispositions que sollicitent les produits culturels ?

Enfin, cette thématique du rôle des objets culturels dans la socialisation invite également à une perspective longitudinale et rétrospective permettant d’analyser la genèse des dispositions observées à l’âge adulte à l’égard de la culture (la focale devant néanmoins bien rester centrée sur l’enfance et ce qui s’y passe en termes de construction des dispositions).

 

4. La socialisation culturelle dans le cadre des mutations politiques et économiques du monde de la culture

La quatrième série de question porte sur les mutations du monde contemporain et leurs effets sur les modes de socialisation culturelle. En quoi la globalisation de la culture marque-t-elle la socialisation culturelle des jeunes générations, les distinguant de leurs aînés, entre arasement et homogénéisation, hybridation culturelle ou cosmopolitisme ? Et comment saisir ses effets dans leur multiplicité, voire leurs contradictions, selon les types de pratiques, de contenus ou de secteurs culturels ? Comment penser les diverses formes de la « culture participative » portée par les jeunes générations via le numérique (comme les fanfictions ou encore la mise en scène de critiques de biens culturels) et leurs effets transformatifs sur la socialisation culturelle mais aussi sur le marketing ou la médiation des œuvres et contenus culturels ? Et quelles représentations de l’enfance promeuvent-elles? Préférence pour une réception participative, valorisation des contenus et outils ludiques, prédilection pour des relais horizontaux notamment via le numérique, importance des thématiques et références traitées qui se doivent d’être proches du quotidien et des préoccupations des enfants dans une logique éthico-pratique, fonctionnement cross-médiatique sont autant d’éléments constitutifs d’une représentation de l’enfance très largement partagées par les professionnels de la médiation ou du marketing culturel et qu’il s’agira ici de déconstruire.

Enfin, on pourra également interroger, le rôle croissant donné par les politiques publiques à la culture dans la formation des individus, l’éducation artistique et culturelle visant bien souvent une socialisation dépassant largement ce domaine (relative au savoir-vivre ensemble, à la citoyenneté, à la réussite scolaire, au développement personnel, etc.). On s’interrogera donc sur les usages par les acteurs institutionnels de la distinction entre « éducation à » et « éducation par » la culture ainsi que sur les usages de cette distinction en termes d’éducation. Ces usages pourront être analysés en tant que registres de justification mobilisés tant dans les stratégies éducatives des parents ou des médiateurs que dans les politiques institutionnelles. Il s’agira également d’interroger l’effet de la fréquente cohabitation de ces différents registres sur le sens donné par les enfants à ces sollicitations culturelles, en mettant par exemple l’accent sur les brouillages qu’elle peut occasionner. Enfin, on pourra mettre en perspective la place respective de ces objectifs selon les publics visés, en s’interrogeant notamment sur la fonction de « resocialisation » qui peut être associée à l’éducation artistique et culturelle quand celle-ci concerne les enfants de milieux populaires.

 

Télécharger l'appel à communication

AAC-socialisation culturelle des enfants-2020 

MODALITÉS DE SOUMISSION COLLOQUE 
 
Les propositions de communication seront déposées via le module dédié du présent site web :
 
 
Les propositions peuvent être en français ou en anglais. Elles seront examinées par le comité scientifique en double aveugle et devront répondre aux normes suivantes :
 
  • Titre de la communication proposée
  • Résumé de la proposition, de 2 000 signes (espaces compris), qui mentionnera la problématique, les données sur lesquelles se fonde l’analyse, les approches méthodologiques et disciplinaires mobilisées et les principaux résultats.
  • Une bibliographie de 5 références au maximum, à entrer dans la rubrique « Commentaire » de l'outil de soumission.
  • Mots-clés (5 maximum)
  • Nom, prénom du ou des auteurs
  • Institution(s) de rattachement
  • Adresse(s) de messagerie

 

CALENDRIER 

-Remise des propositions de communication : 12 avril 2020

PROLONGEMENT DE LA DATE LIMITE DE DÉPÔT DE COMMUNICATION : 28 JUIN 2020.

-Sélection des propositions de communication : avril-mai 2020

-Date de remise du texte de la communication : 2 novembre 2020

-Date de colloque : 9-10-11 décembre 2020  Du 11 au 14 janvier 2021

 

Contact :  socialisationculturelle@gmail.com

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